Communication familiale
3 août 2020 Femmes d'Aujourd'hui

Comment parler de sexe avec son ado?

Votre bébé n’en n’est plus un et devient un ado, avec tout ce que cela implique: les sautes d’humeur, la recherche d’autonomie, les premières sorties sans les parents, le besoin accru d’intimité… Mais aussi les premiers coups de cœur.

Lorsque votre enfant entre dans cette phase si particulière de la vie, c’est certainement le moment de lui parler d’amour et de sexualité. Mais si avoir cette conversation avec lui est important pour son éducation, c’est un sujet qui peut être bien difficile à aborder en tant que parent. Marie Tapernoux, sexologue, nous a donné quelques conseils pour parler de sexe avec son adolescent de manière constructive et positive.

Parler de sexe avec un ado: les conseils d’une sexologue

Marie Tapernoux est sexologue et thérapeute de couple dans le Brabant wallon. Nous l’avons interrogé sur la meilleure attitude à avoir concernant la vie amoureuse et sexuelle de nos enfants.

Tout d’abord, est-il vraiment important de parler de sexualité avec son ado?

“Bien sûr que c’est important! Et ça l’est pour une raison simple: c’est une période assez spéciale dans la vie d’un enfant, qui sera faite de nombreuses expériences nouvelles et de changements, tant physiques qu’émotionnels.

En tant que parent, il faut mettre des mots sur tout ce qu’il va vivre.

Mais avant de parler de sexe, je trouve que l’on doit d’abord parler de la puberté, en lui expliquant tout ce qu’il se passe – et ce qu’il va se passer – pendant cette période: les boutons, les poils qui poussent, les règles, les sautes d’humeur… Et de fil en aiguille, le sujet des relations amoureuses et de la sexualité arrivera presque naturellement.

Comment est-il préférable d’entamer la discussion de la sexualité avec un ado?

La première chose à faire, c’est de ne pas prendre ça comme quelque chose de grave. Votre enfant grandit et est désormais un adolescent… Cela n’a rien de dramatique, bien au contraire! C’est la vie, c’est naturel et c’est toujours une bonne chose de grandir et d’évoluer. Alors on respire, on dédramatise et on prend ça avec le sourire.

Ensuite, je dirais qu’il n’y a pas vraiment de ‘modèle’ de discussion qui fonctionne en matière d’éducation à l’amour et à la sexualité. Cela dépend du parent, de l’adolescent, de leur relation et de leur facilité à parler de telle ou telle chose. C’est au parent de voir quelle est la manière la plus positive et naturelle de parler de sexe avec son ado. Par contre, voici ce que vous devez éviter:

  • Être trop intrusif: en parler est très important, mais il ne faut pas pour autant entrer de force dans la bulle de l’adolescent. Cela serait contre-productif. Entamez la discussion et positionnez-vous comme une personne de référence, vers qui l’adolescent pourra se tourner en lui disant ‘si tu as des questions je suis là’, sans être intrusif.
  • Mettre des tabous: il faut pouvoir répondre à toutes les questions, sans gène. Si vous ne vous sentez vraiment pas à l’aise avec ça, alors il peut être intéressant de faire intervenir une personne extérieure. Une marraine ou un parrain par exemple, ou un professionnel: une personne travaillant dans un planning familial, un(e) sexologue, un(e) psychologue, etc.

Si votre enfant ne souhaite pas en parler, n’insistez pas. Vous pouvez par contre lui offrir un livre qu’il pourra lire de son côté, tout en lui disant ‘si tu veux en parler après l’avoir lu, je suis à ta disposition’, le plus naturellement du monde… Puisque, rappelons-le, la sexualité est une chose très naturelle.

En abordant le sujet avec votre ado, il se peut que cela fasse de vous un interlocuteur avec qui il pourra parler, poser ses questions, exprimer ses sentiments et ses angoisses. Bref, une personne de confiance dans sa vie d’ado en plein changement.

Y a-t-il un discours différent à avoir selon que l’on ait un garçon ou une fille?

Selon moi, les filles doivent aussi savoir ce qu’il se passe dans la vie des garçons, et inversement. J’aurais donc tendance à dire que non, le discours ne doit pas forcément être différent selon que l’on ait une fille ou un garçon. Par exemple, aborder les règles et la contraception est une discussion à avoir aussi avec son fils, ne fut-ce que pour qu’il connaisse la réalité et le quotidien des filles.

Et puis il ne faut pas non plus oublier de parler de consentement, de la liberté de dire “non” même au dernier moment.

Lorsqu’on parle de sexualité avec son enfant, ce sujet est pour ainsi dire un passage obligé.

N’oublions pas que nos adolescents seront demain des adultes, et leur inculquer de bonnes valeurs les aidera à se construire une vie amoureuse et sexuelle saine et épanouie. Alors intégrer la notion de consentement et de respect mutuel dans son discours sur la sexualité avec ses enfants est clairement une priorité”.

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