Comment faire pour se retrouver sexuellement ?
Il est important de rappeler que si l’accouchement est comparé à un marathon (42,195 km quand même), ce n’est pas pour rien : ils nécessitent tous les deux des mois de préparation, un dépassement de soi impressionnant, une douleur d’une intensité que seuls ceux qui l’ont vécu peuvent comprendre, et une fois que "c'est fait'", on rentre chez soi avec, certes des contusions, mais heureux comme jamais. Enfin, en principe... mais c'est un autre débat sur le post-partum !
D’un point de vue physiologique, le bassin a bougé, les muscles du vagin se sont distendus, le périnée a perdu de son élasticité et d’éventuelles douleurs aux cicatrices peuvent également être présentes en cas d’épisiotomie ou de césarienne. Une perte de sang (appelée aussi lochies) témoignent que le corps élimine tous les résidus liés à la grossesse et ce pendant 3 à 6 semaines en moyenne. Le corps a donc besoin de temps pour se remettre et il est important de le lui donner.
D’un point de vue gynécologique, on conseille généralement d’attendre plus ou moins 4 à 6 semaines avant la reprise d’une activité sexuelle . Ce délai permet en effet au col de l’utérus de se refermer, aux saignements de s’interrompre, mais aussi au corps de cicatriser. La lubrification vaginale n’est également plus produite spontanément et une perte de sensation peut être ressentie au niveau du vagin et des zones périnéales.
D’un point de vue hormonal, il peut être normal que le désir sexuel ne soit plus présent chez la femme devenue mère : la baisse des œstrogènes mais aussi la production de prolactine vont inhiber le désir sexuel en cas d’allaitement. Il y a donc une réelle baisse de la libido.
Mais c’est surtout l’état d’esprit de la femme qui va déterminer la reprise d’une activité sexuelle : pour certaines, les choses iront plus vite que pour d’autres, se sentant rapidement mieux dans leur corps, ressentant l’envie de réinvestir leur féminité, ou juste l’envie de retrouver intimement leur conjoint.
Pour d’autres, les semaines, voire les mois, passeront sans que ce désir ne revienne spontanément...
Qu’est ce qui explique ces différences ?
- La peur d’avoir mal : que ce soit lié aux points de suture, ou aux gênes ressenties suite à l’accouchement, certaines femmes ont peur que le rapport sexuel soit douloureux, ou qu’elles ne retrouvent plus les mêmes sensations qu’avant. Et quand on redoute d’avoir mal, on a tendance à se contracter, ce qui augmente encore plus la sensation de douleur.
- La fatigue : durant les semaines qui suivent la naissance, l’enfant sollicitera ses parents 24h/24... Que ce soit physiquement ou émotionnellement, l’épuisement peut se faire ressentir et force alors la jeune maman, voire les deux parents, à dormir dès que possible, laissant de côté des moments de qualité en amoureux ainsi que des retrouvailles plus intimes.
- L’image du corps : après une grossesse le corps a changé, le ventre est encore gonflé, d’éventuelles vergetures sont apparues, les kilos de la grossesse ne sont malheureusement pas tous partis avec l’accouchement, la poitrine est gonflée voire douloureuse, ce qui n’aide pas la femme devenue mère à se retrouver pleinement. Il peut également y avoir des craintes de ne plus plaire physiquement à son partenaire… et tout cela n’aide pas à se sentir désirante et désirée!
Alors que peut-on faire?
Il est important de préciser que la sexualité ne se résume pas au rapport sexuel en tant que tel : c’est au travers des caresses et de la douceur que l’envie sera réactivée chez la femme .
En effet, elle peut profiter, sans pression, d’un moment agréable qui lui permet de se sentir proche de son conjoint, connectée à lui, avec la sensation que l’on prend soin d’elle.
Une fois le désir éveillé, certaines précautions peuvent aider aux retrouvailles sexuelles:
- Utilisez du lubrifiant : suite aux chamboulements hormonaux et physiologiques, le corps ne produira plus de lubrification spontanée (qui, avant la grossesse, témoignait de l’excitation féminine). Il est donc indispensable d’utiliser un lubrifiant afin d’éviter toute irritation, douleur ou gêne pendant ou juste après le rapport.
- Privilégiez les pénétrations plus « douces », moins en profondeur : les premiers rapports sexuels seront primordiaux pour que la femme reprenne confiance en son corps. Il faudra donc y aller en douceur, lui laissant alors le temps de redécouvrir de nouvelles sensations, se rassurer niveau douleur ou de gêne. C’est à partir de ces moments-là qu’elle pourra prendre confiance en son corps et donc en profiter pleinement.
- En termes de positions sexuelles , le missionnaire ainsi que la position dite de la cuillère sont généralement celles qui sont les plus souvent pratiquées suite à un accouchement... mais finalement, chaque position qui peut se pratiquer en douceur conviendra, le plus important étant que chacun puisse se sentir en confiance.
- N’oubliez pas la rééducation périnéale : après l’accouchement, tous les muscles vaginaux et périnéaux sont dilatés. Il est donc indispensable de suivre quelques séances de kiné post-natale afin de tonifier ces muscles, tout en permettant le soutien de la vessie et des organes internes (autant s’éviter des fuites urinaires ou une descente d’organes plus tard!). Vous sentirez vous-même l’évolution en terme de tonus musculaire et votre conjoint le sentira aussi.
- Pensez à votre contraception : en effet, les semaines filent après l’arrivée d’un bébé, et on ne pense pas forcément à reprendre directement un moyen de contraception... alors qu’il soit hormonal ou non, peu importe, parlez-en à votre gynécologue afin de vous éviter des surprises quelques semaines plus tard! Car oui, vous êtes encore plus fertiles après un accouchement Mesdames... et le système hormonal étant chamboulé, vous n’aurez plus les mêmes repères qu’avant la grossesse.
- Et enfin : communiquez ! Encore et toujours le maître mot de mes chroniques, j’avoue! Mais, plus que jamais, après le chamboulement que représente l’arrivée d’un enfant dans un couple, vous aurez d’autant plus besoin de vous retrouver, de vous reconnecter, de vous rassurer. C’est donc en vous parlant de vos craintes mutuelles, en exprimant à l’autre vos besoins, vos envies ou vos peurs que vous dépasserez ensemble cette période de transition pas toujours évidente.
Par ailleurs, il est important de préciser que si des difficultés ou des douleurs persistent, votre gynécologue, kiné post-natale ou encore votre sage-femme peuvent vous écouter et vous conseiller. Ils sont formés pour cela, ne l’oubliez pas! Conseils d’une sexologue...