Cet exemple me permet d’aborder le sujet de manière concrète, tout en vous permettant de comprendre les souffrances que cela engendre chez la personne fétichiste seule ou/et son partenaire et les pistes qui existent pour sortir de ce mécanisme douloureux et réguler le processus de plaisir.
Le fétichisme, c’est quoi ?
Initialement, le fétichisme désigne une pratique qui consiste à adorer un fétiche, un objet de culte. Mais en sexologie, cette pratique consiste à prendre du plaisir en se focalisant sur une partie du corps, ou sur un objet, ou encore sur une matière particulière.
La particularité de cette pratique est son caractère exclusif et indispensable pour la personne fétichiste. Autrement dit, sans l’objet excitant, cette personne ne peut prendre de plaisir. Elle n’est donc pas excitée par le sexe mais bien par son fétiche, au détriment de tout le reste.
Cette obsession fait partie de la famille des paraphilies, définie par le DSM V comme étant : « l’ensemble de troubles de la préférence sexuelle caractérisés par la recherche du plaisir sexuel auprès d'un partenaire ou d'un objet inadapté, ou dans des circonstances anormales. »
Il est important de préciser que même si la grande majorité des personnes apprécient certaines zones du corps ou encore certaines tenues chez leurs partenaires, cela n’en fait pas des fétichistes pour autant. Car pour cette grande majorité, ces éléments ne sont pas indispensables pour la prise de plaisir (bien que fortement appréciés).
Quelques exemples de fétichisme
- Les parties du corps : poitrine, fesses, pieds, nuque, jambes, …
- Les matières : latex, dentelle, cuir, satin, velours …
- Les types de personnes : minces, obèses, personnes âgées, femmes enceintes, …
- Les vêtements et sous-vêtements : jupes, chaussures, leggings, uniformes, corsets, strings, jarretelles, …
- Certains accessoires : lunettes, coiffures, rouges à lèvres, …
Vous l’aurez compris : tout peut faire l’objet d’adoration mais il faut une réelle fixation sur cet objet, depuis au moins 6 mois, pour que l’on puisse parler de fétichisme en tant que tel.
Si l’on reprend la situation de Mr X, il s’agit bien de fétichisme puisqu’il n’éprouvait du plaisir qu’au contact des chaussures de femmes. Il m’avait alors précisé « qu’on pouvait lui présenter les plus jolies femmes de la terre, cela ne lui procurait aucun effet, sauf s’il pouvait voir leurs pieds ». Les chaussures n’étaient alors qu’une extension de ces pieds qui lui faisaient tant d’effet. Et, vous vous en doutez bien, je n’ai bien entendu pas accédé à sa demande de lui donner ou vendre mes chaussures...
Quelle souffrance ?
C’est davantage l’impact de cette pratique qui fait souffrance plutôt que la pratique en elle-même. En effet, la relation conjugale et intime dépendra de l’éventuelle acceptation du partenaire face à cette fixation sur un élément unique, mettant alors de côté tout le reste pour prendre son plaisir.
Il arrive également que cela impacte la vie sociale voire professionnelle de la personne, de par sa nature obsessionnelle et compulsive. Le cas échéant, ces personnes n’osent généralement pas en parler, par peur du jugement de l’entourage, du rejet ou de la stigmatisation. Elles restent alors souvent seules avec leurs craintes et doutes, le sentiment d’interdit s’accentue et le cercle vicieux poursuit donc son chemin car, plus c’est interdit, plus c’est excitant, et plus c’est culpabilisant.
Un accompagnement thérapeutique auprès d’un psychothérapeute ou sexologue pourra aider la personne fétichiste seule ou/et son partenaire :
- En créant un espace bienveillant, garanti par le secret professionnel, la personne peut y déposer sa souffrance, en toute sécurité ;
- En tentant de comprendre pourquoi et à quel moment cette fixation s’est installée ;
- En conseillant et en parvenant à étendre les sources de plaisir, de s’éloigner de l’objet de leur fixation et éviter la compulsion de répétition.
Conseils d’une sexologue!