Sexologie
24 novembre 2017 Marie Tapernoux

Pannes, impuissance, troubles ou dysfonctions érectiles, … Une réelle souffrance !

La chronique de notre sexologue, Marie Tapernoux.

"Je viens vous voir car cela fait 8 mois que je n’arrive plus à garder mon érection … je ne sais plus quoi faire ! Cela a commencé par des pannes ponctuelles puis, progressivement, c’est devenu systématique. J’ai lu beaucoup de choses sur internet mais rien n’y fait… et cela s’empire avec le temps. Ma compagne essaye de me rassurer mais je sens bien qu’elle souffre de la situation. Et moi, je vois bien que je ne la comble plus… ".

Voici un exemple type de ce que j’entends régulièrement en consultation : impuissance, panne, pertes d’érection, troubles érectiles, … Autant de mots pour décrire cette difficulté qui touche plus d’un homme sur dix et qui impacte tant la personne elle-même, que le conjoint et le couple.

Car si une vie sexuelle épanouie permet aux deux partenaires de se sentir proches, complices et amoureux,

les difficultés sexuelles telles que les dysfonctions érectiles vont, quant à elles, provoquer une incompréhension, une perte de confiance en soi, une anxiété d’anticipation, du mal-être et donc de la distance au sein du couple.

Concrètement, les troubles de l’érection consistent en l’incapacité d’obtenir et/ou de maintenir une érection suffisante pour l’accomplissement de l’acte sexuel et ce pendant une période de +- 6mois. Des " pannes occasionnelles " ne rentrent donc pas dans cette définition … rassurez-vous ! Mais elles peuvent toutefois être le signe que quelque-chose coince malgré tout.

Quelles en sont les causes ?

Malheureusement, elles sont nombreuses : le surpoids, le tabagisme, l’abus d’alcool, la consommation de drogues, l’hypercholestérolémie, le diabète, l’hypertension artérielle, les problèmes de prostate, la dépression, le stress, … et cela ne s’arrange pas avec l’âge malheureusement puisque les risques augmentent nettement à partir de 40 ans. Par ailleurs, l’angoisse de performance, un contexte particulièrement difficile ou encore des problèmes liés au couple expliquent également l’apparition de ce phénomène.

Les conséquences sont quant à elles clairement significatives : perte de confiance en soi, sentiment de virilité nettement diminué, peur d’être jugé, déprime pouvant aller jusqu’à la dépression, rupture avec le partenaire, évitement de la relation conjugale… un réel cercle vicieux qui se met en place plus rapidement qu’on ne l’imagine.

Et pourtant seulement 25% des personnes qui souffrent de cette dysfonction osent consulter et en parler à un professionnel.

Il est clairement difficile d’aborder le sujet mais c’est en étant réellement accompagné que l’on peut déconstruire ce cercle vicieux, inverser le processus vers un cercle vertueux.

Comment ?

Par un suivi médical si des causes organiques sont identifiées par le médecin ainsi que par un soutien sexo-thérapeutique afin d’agir sur les angoisses, sur la perte de confiance en soi, sur les pensées obsédantes ainsi que sur les comportements inadéquats adoptés depuis l’apparition du trouble érectile.

Le thérapeute pourra, au travers d’un climat de confiance, de confidentialité et par la proposition d’outils concrets, permettre à la personne de prendre le dessus sur la dysfonction érectile, retrouvant progressivement confiance en elle, en ses capacités à prendre et à donner du plaisir, sans anticipation ni angoisse de performance. C'est également un temps où d'autres questions peuvent émerger telle que la sexualité au sein couple, la routine avec les années, l'importance d'entretenir le désir sexuel, ...

Et la "petite pilule bleue" ? 

Prescrite par un médecin, et après examens médicaux, elle peut aider le patient à ressentir, à nouveau, de meilleures érections … à condition, du moins, de bien respecter le timing dans la prise de ce traitement (timing qui varie selon les catégories de traitements).

Cela aura pour effets bénéfiques de reprendre un peu confiance en soi mais sans réellement agir en profondeur sur les causes d’ordre psychologiques, comportementales ou conjugales.

Par ailleurs, un autre phénomène peut alors se mettre en place : celui de la dépendance médicamenteuse. L’homme associera, en effet, son érection à cette prise de médicament et non à ses performances personnelles...

Ne gardez pas votre souffrance pour vous...

Alors s’il est vrai qu’aborder le sujet des troubles érectiles est difficile, il serait pourtant dommage de faire partie des 75% des personnes qui gardent leur souffrance pour eux, d’autant plus que celle-ci augmentera avec les mois et années. Et croyez-moi, l’impact de cette souffrance est bien plus important que la difficulté à pousser les portes d’un professionnel … alors n’attendez-pas … conseil d’une sexologue.

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