En 1965, Françoise Hardy chantait : "Comme l'on ne sait pas ce que la vie nous donne, il se peut qu'à mon tour je ne sois plus personne. S'il me reste un ami qui vraiment me comprenne, j'oublierai à la fois mes larmes et mes peines" dans son titre L'Amitié. Cinquante-cinq ans plus tard, ces paroles résonnent encore plus fort.
Un effet thérapeutique
À l'heure du coronavirus, la présence d'un ami qui nous comprenne, nous écoute, nous soutienne est essentielle. "L'amitié est rassurante et synonyme de sécurité pour beaucoup de personnes. Ce que nous vivons en ce moment est particulier et difficile, nous avons besoin de nos amitiés pour se sentir entendu" explique la thérapeute de couple et sexologue Marie Tapernoux.
Que l'on soit seul ou en couple, la présence de nos amis se révèle encore plus précieuse et indispensable en ce moment. Elle est même thérapeutique.
"Pour les personnes célibataires, c'est déjà compliqué en temps normal, maintenant c'est encore plus anxiogène. Les amis apportent une présence. Pour les personnes en couple, nos amis apportent un autre regard, un autre écho que celui de notre partenaire. L'amitié devient une soupape".
Quitte ou double
Avec le coronavirus, toutes les relations sont mise à l'épreuve. La crise sanitaire fait office d'amplificateur de ce qui est latent et présent. "Elle agit comme une loupe qui agrandit et accentue les difficultés, les tensions, les qualités... C'est quitte ou double". D'où l'importance de prendre soin de son amitié pendant le confinement. Marie Tapernoux le constate, les amitiés mettent du temps à se construire. En revanche, elle se défont très vite. Avec le coronavirus, se voir chez les uns et les autres, partager un verre ou un repas n'est plus possible. Un manque physique qui peut avoir des répercussions. "On est dans une phase où l'on se pose plus de questions : dois-je le contacter ou pas ? On ose moins de peur de déranger à cause du télétravail, des enfants à gérer... Si l'on n'entretient pas le lien amical, si l'on ne se donne pas de nouvelles régulièrement, même à distance, la relation s'effrite". Avec les nouvelles technologies, entretenir le lien passe par des appels vidéos, des messages vocaux, des conversations de groupe sur différents réseaux sociaux... À condition que la relation soit réciproque. Les deux parties doivent donner l'une et l'autre.
La bienveillance avant tout
Marie Tapernoux soulève un élément intéressant qui fragilise une relation amicale pendant le confinement : la question de la gestion de la crise sanitaire. "On se juge davantage par rapport aux comportements à risques, en se disant, untel respecte les règles, l'autre pas. Cela peut créer des distances.
Les amis sont là aussi pour dire ce qu'on ne veut pas entendre bien sûr, mais cela doit toujours être dit avec bienveillance".
Des malentendus, des non-dits peuvent s'installer. Une situation qui ne doit pas perdurer, sous peine d'empirer. Il faut alors exprimer à notre ami ce que l'on ressent, sans reproches. L'autre est alors plus réceptif. "Dès que l'on sent des signes avant-coureurs, il faut parler à notre ami, lui dire j'ai l'impression que ça m'attriste". Encore une fois, il est question de bien communiquer comme dans n'importe quelle relation. Il y a les vrais amis, ceux à qui on se confie en toute sincérité, mais il y a aussi les copains avec lesquels la relation est davantage basée sur la légereté, la bonne humeur et l'humour. Eux aussi sont important pendant le confinement. "Il faut les avoir pour se changer les idées et rire un bon coup. On en a besoin".